BUDGET 2009 : Intervention de G. LE CHEQUER au conseil municipal

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Madame la sénatrice-maire,
Cher(e)s collègues,


A Montreuil, comme dans toutes les villes de France qui débattent en ce moment même des enjeux et des choix pour leurs budgets 2009, il est impossible d’aborder le sujet sans tenir compte de la crise financière et de ses conséquences sociales pour nos concitoyens.


Cette situation exige des réponses nouvelles, adaptées à ce qui est en train de se passer sous nos yeux et qui n’est, malheureusement, que le début d’un cataclysme social - mais également politique.


Raison de plus pour que l’exigence sociale, l’exigence de solidarité, l’exigence environnementale ou encore culturelle soient au cœur du budget de notre ville pour 2009 ; soient au cœur des priorités budgétaires. La crise a déjà des conséquences dans notre ville et dans la vie des Montreuillois, elle mérite une réponse adaptée et volontaire.


Surtout qu’à la crise, s’ajoute, et cela est lié, la politique conduite par messieurs Sarkozy et Fillon avec cette logique dominante du toujours moins d’Etat que vous dénonciez, à juste titre, dans le débat d’orientations budgétaires.


Il devrait donc être de la responsabilité de l’ensemble des conseillers municipaux qui siègent dans cette assemblée, de se battre également quotidiennement pour que la ville ne cède pas à son tour à la tentation du repli sur les fondamentaux qui consisterait, dans la faits, à un
repli sur des missions de base de la collectivité et à faire ainsi l’impasse sur les réalités sociales que subissent nos concitoyens.


Certes, la politique gouvernementale pèse sur les budgets des villes et
en particulier sur son volet recettes – avec notamment la diminution, des droits de mutation, de la taxe professionnelle ou encore de l’attaque programmée – bien que retardée – contre la Dotation de solidarité urbaine. Raison de plus pour engager une politique de développement économique offensive et volontariste. Votre budget, de ce point de vue, reflète votre trop grande passivité en la matière.

 

Il ne suffit pas de regretter la crise ou de la constater. La crise doit avoir des conséquences sur nos choix politiques. Il s’agit précisément de voir comment nous pouvons promouvoir, à l’échelle d’une ville, un autre modèle de société que celui qui nous est servi au plan national, un modèle de ville à contre courant du modèle dominant.

 

Or nous avons, avec votre budget, une orientation politique qui adopte le principe d’accompagnement, plutôt que celui de la rupture et du combat qui a toujours prévalu dans notre ville.

 

Vous dites vouloir marquer le changement, refondre la gestion municipale, en quelques sortes vous voulez incarner la rupture. C’est une belle ambition, mais nous aurions préféré que votre budget traduise dans les faits et dans les actes votre volonté de rupture avec les politiques libérales qui dominent notre société plutôt qu’avec la politique d’une gauche de combat, portée par vos prédécesseurs.


Votre budget manque de l’innovation et du dynamisme que votre élection auraient pu entraîner. Faire face, ce n’est pas donner une orientation arbitraire comme vous l’avez fait en demandant aux services de la ville de revoir, mécaniquement à la baisse tous leurs budgets d’un minimum de 8%.

 

Faire face, ce n’est pas non plus se glorifier, comme vous le faites à la 5ème page de votre rapport, de sacrifier des postes d’agents municipaux. 88 postes officiellement supprimés comme en atteste l’annexe 4 du budget primitif, mais combien de postes d’agents non remplacés depuis le mois de mars ?

 

Mener une politique de rupture avec le libéralisme, ce n’est pas engager le processus de démantèlement d’une offre de santé municipale que l’on doit à la volonté des différentes équipes qui se sont succédées à Montreuil depuis 1935.

 

-        Fermeture du centre municipal de santé voltaire pratiquant le tiers payant,

-        Fermeture de la radiologie et de la mammographie,

-        Fermeture du centre de prélèvement de savatero,

-        Fermeture du centre de prothèses dentaires

 

Des options qui ne devraient même pas être discutées dans une assemblée où ne siègent que des élus de gauche, ou qui se disent de gauche.


A avoir tenté de nous faire croire pendant 9 mois que les caisses avaient été vidées par vos prédécesseurs, voilà que vous trouvez finalement 26 millions d’euros à investir et que vous nous présentez un budget de 271 millions d’euros, en nette progression, ce que vous reconnaissez vous-mêmes en le chiffrant à + 6,7%.


Ainsi, de l’argent, il y en a, alors dans ce cas pourquoi, par exemple, brader la culture qui est l’une des richesses de notre ville :

 

-        32 % pour la Maison Populaire

-        50% par l’association Renc’art au Méliès

-        86% pour le studio Théâtre de Montreuil

-        41 % pour la Mauvaise Herbe

-        30 % pour le Musée de l’Histoire Vivante

-        20 % pour les instants chavirés

Face à cette réalité, vous exhibez la réalisation de travaux pour le théâtre des Roches, que nous approuvons, mais cela représente à peine 0.1% du budget global de notre ville. La réalité est là, la culture est un secteur sacrifié de votre budget.


Parmi vos priorités, vous mentionnez les écoles, très bien, nous approuvons. Mais une fois encore, les faits vous font mentir :


Baisse de plus de 10% de l’aide aux projets scolaires du fait de la baisse significative de la subvention à la caisse des écoles. A cette baisse il faut ajouter l’augmentation de 32% du prix des places au Méliès pour nos enfants, que vous avez votée. C’est la double punition pour nos enfants.


Au sujet de la double punition, comment ne pas revenir également sur le vote, sur votre proposition, d’une augmentation de 2,5% des loyers dans le parc HLM de la ville alors que dans le même temps, nos concitoyens les plus modestes se préparent à prendre un coup de massue sur la tête avec les conséquences des mesures émanant de la loi BOUTIN ?


Montreuil, à l’inverse de nombreuses villes du département a été épargnée par la flambée de violence connue en novembre 2005. Nous devons ce fait, à la mobilisation des élus de l’équipe d’alors, mais également et surtout au tissu social et associatif foisonnant dans notre ville. Or, votre budget, porte un coup sans précédent et certainement fatal pour certains acteurs sociaux et associatifs qui vont subir vos coupes budgétaires.


-       
L’association TAFERKA – 80 %

-        L’association des femmes Maliennes de Montreuil –34 %

-        La maison des femmes –22%

-        L’Association  des ressortissants de maliens, l’ADCYF – 83 %


J’arrête là la funeste énumération mais de nombreux responsables d’associations de notre ville qui nous écoutent ce soir, savent bien de quoi nous parlons.


Dernier point pour en rester aux 5 petites minutes imparties, vous évoquez la jeunesse comme priorité de votre budget, mais une fois encore, les faits disent le contraire.


La centaine d’animateurs dont vous n’avez pas renouvelé les contrats, ce sont les jeunes de notre ville. Et pire encore, lorsque nous parlons jeunesse de Montreuil, création, tremplin pour de nombreux jeunes montreuillois, spontanément tout le monde pense au Café La Pêche ! Et bien même là, vous vous attaquez à bien plus qu’un symbole pour bon nombre de jeunes montreuillois en sabrant de 25 % le budget d’une structure qui fait la fierté de nombre nos concitoyens.


Le débat qui s’ouvre nous permettra sûrement de développer davantage encore les faits qui nous conduisent à dire que ce premier budget de l’ère Voynet, comme le titre la presse locale du jour, est un budget étriqué et mal inspiré surtout si vous persistez dans cette ligne. En tous les cas un budget deçà de l’ambition nécessaire pour notre ville dans le contexte actuel.


Pour toutes ces raisons, nous ne voterons pas votre budget dont les points positifs restent insuffisants face à l’ensemble des mauvais coups qui sont portés.

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