Roms : la solidarité doit se construire avec les Montreuillois, elle ne se décrète pas

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Un article de Danièle CREACHCADEC et Gaylord LE CHEQUER

à lire dans Montreuil à Gauche de novembre 2009


Il y a un peu plus d’un an la majorité votait une délibération relative à la position de la ville sur la situation des ROMS. Le groupe Gauche Unie et Citoyenne n’avait pas participé à ce vote. Gaylord LE CHEQUER en avait expliqué la raison «nous ne voterons pas contre cette délibération dont nous partageons les déclarations d’intention sur le plan humain, social et de solidarité, mais disons clairement, en ne participant pas au vote, que nous émettons de sérieuses réserves sur la manière dont les choses sont engagées et sur votre capacité à maîtriser la situation ».

 

Il faut en effet rappeler que cette délibération faisait suite à l’incendie d’un squat rue Dombasle, en juillet 2008. A ce moment là, nous parlions de dizaines de personnes (80 environ). Deux mois à peine après cet incendie dramatique, il était question de près de 200 personnes. Dans les semaines qui allaient suivre ce sont finalement plus de 300 personnes que la majorité décidait d’installer, provisoirement, sur 2 sites, l’un rue Saint-Just, l’autre rue Pierre de Montreuil. Les riverains étaient alors sommés de faire preuve de solidarité. On se souvient alors des discours culpabilisants, parfois insultants, tenus par l’élu en charge de ce dossier, à l’égard de ceux qui émettaient des doutes sur sa gestion de la situation.

 

Or il est essentiel de travailler dans le respect et dans l’écoute des personnes, qu’il s’agisse des ROMS eux-mêmes, ou des habitants. Les principes contenus dans le dispositif appelé «MOUS» adopté en juin dernier et que nous partageons, prévoit l’hébergement de 328 personnes en contre - partie d’un volet «insertion et intégration». Celui-ci ne pourra pas fonctionner s’il est imposé. Il se réalisera si les enjeux sont expliqués et partagés, si la concertation, le dialogue et l’écoute sont privilégiés. Invectiver les habitants dès lors qu’ils expriment craintes, réserves ou inquiétudes ne sert pas la cause de la solidarité.

 

Un nouveau projet d’implantation vient d’être dévoilé, rue Paul Bert. Dans cette affaire, les élus du quartier brillent par leur absence quant ils ne cherchent pas à se démarquer des orientations municipales pour l’accueil des populations ROMS qu’ils ont pourtant soutenues et votées. Les conditions dans lesquelles il est prévu d’installer les ROMS sur cette parcelle d’à peine 12 mètres de large sont purement impensables. Les riverains l’ont fait savoir mais à ce jour l’entêtement est de mise.

 

Il semble déjà que la maîtrise de cette question soit difficile puisqu’actuellement se multiplient campements et lieux de squats qui alimentent de fait l’exaspération et parfois les préjugés des riverains confrontés à ces situations extrêmes.

 

Si Montreuil affirme vouloir régler la situation des 328 personnes initialement concernées par la MOUS, qu’adviendra-t-il de tous ceux qui sont venus s’installer, illégalement, depuis quelques mois ?

 

L’Etat, la Région, le département et les villes voisines se sont-ils effectivement engagés pour assurer leur part de solidarité avec les ROMS du département ? Il est évident que Montreuil ne pourra régler à elle seule une situation dont les causes dépassent, largement, le cadre communal. 

 

Les réserves émises il y a un an restent donc d’actualité.


Danièle CREACHCADEC - Conseillère municipale groupe Gauche Unie et Citoyenne - Membre du bureau du Comité des Citoyens Montreuillois

Gaylord LE CHEQUER - Président du du groupe Gauche Unie et Citoyenne au conseil municipal de Montreuil - Secrétaire général du Comité des Citoyens Montreuillois

 

Publié dans Dans la presse

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