Le 9-3 mobilisé contre l'austérité !
Ce mercredi 10 décembre 2014 se tenait la conférence de presse des élu-e-s Front de Gauche de Seine-Saint-Denis intitulée "La Seine-Saint-Denis debout contre l'austérité". A la tribune, Didier PAILLARD, Maire de Saint-Denis, Patrice BESSAC, Maire de Montreuil, Azzedine TAIBI, Maire de Stains, Carinne JUST Maire de Villetaneuse, Pascal BEAUDET, Maire d’Aubervilliers, Pierre LAPORTE, Conseiller Général et Président du groupe Front de Gauche au Conseil Général, Patrick BRAOUZEC, Président de Plaine Commune mais aussi Gaylord LE CHEQUER, adjoint au Maire de Montreuil et Président du groupe des élu-e-s Front de Gauche et apparenté-e-s.
Devant les élu-e-s et journalistes présents, Gaylord LE CHEQUER a eu l’occasion de rappeler les conséquences qu’engendrent, dans une ville comme Montreuil, les baisses de dotations de la part de l’Etat.
« Mesdames, Messieurs,
Permettez moi tout d’abord de constater que, contrairement à l’image que certains voudraient donner des élu-e-s que nous sommes l’image d’élu-e-s qui demanderaient la charité ou qui seraient tentés de défendre leur « pré-carré », nous avons dans cette salle des élu-e-s debout et mobilisées. Mobilisés contre les conséquences concrètes des politiques d’austérité menées à tous les échelons et dont nous mesurons tous les conséquences dans nos collectivités et dans la vie de nos concitoyens.
Les élu-e-s qui se trouvent face à vous ne sont pas du genre à se résigner. Bien au contraire, vous avez face à vous notamment des Maires. Des Maires bâtisseurs qui ne demandent qu’une seule chose : que soient enfin débloquées d’urgence les dotations financières nécessaires pour soutenir l’effort qui est le leur pour développer un offre de logement à la hauteur des attentes et besoins de leurs populations.
L'accès à un logement est une nécessité, une urgence pour de nombreuses familles, des couples dans la précarité, des femmes élevant seules leur enfant, des jeunes travailleurs, les petits salaires de la fonction publique ou les smicards du privé qui grossissent chaque jour le flot des 550 000 demandeurs de logements sociaux en Île-de-France, dont 60 000 pour la Seine-Saint-Denis, plus de 6 000 pour la seule ville de Montreuil...
Dans ce contexte, nous le voyons bien, l'engagement de campagne n°22 du candidat Hollande, celui de construire 500 000 logements par an, dont 150 000 logements très sociaux est battu en brèche par les choix politiques qui sont les siens et ceux de son gouvernement qui consistent à passer l'investissement public utile sous la moulinette de l'austérité.
Ainsi, ce n'est ni d'un manque de courage politique des élu-es locaux, ni d'un refus d'accorder des permis de construire dont souffre la construction de logement, mais d'un manque de moyens financiers permettant aux maires de bâtir dans leurs communes et d’offrir des services publics, des transports, des espaces publics de qualité !
Permettez moi de prendre un exemple concret, celui de notre ville de Montreuil. Le Contrat de développement territorial et le plan local de l’habitat intercommunal en cours d’élaboration à l’échelle de l’agglomération Est Ensemble prévoyait un objectif de 700 logements neufs par an. Cet objectif est ambitieux mais du fait des transferts de charges de l’Etat et des baisses de dotations à notre collectivité, il est aujourd’hui totalement intenable. Ce que nous avons confirmé, comme la plupart des villes d’Est Ensemble, au Conseil Communautaire qui devra donc, si rien ne change, revoir à la baisse son objectif de production de logements nouveaux. A Montreuil, aussi longtemps que pèseront sur nos finances locales les conséquences de la perte de 12,5 millions d’euros de dotations d’ici à 2017, nous ne serons pas en mesure de relancer ce secteur pourtant essentiel pour nos populations.
Cela n'a rien d'anecdotique dans le budget total de notre ville. C'est chaque année une perte de 10 % du budget d'investissement, c'est à dire l'argent que la ville peut consacrer à la remise aux normes ou à la construction de ses équipements publics. Et toutes les villes de la Seine-Saint-Denis sont confrontées aux mêmes choix difficiles, aux mêmes arbitrages budgétaires à faire.
Plus qu'un mot, l'austérité est un mal aux conséquences réelles ! Les 50 milliards d'euros de coupes budgétaires sur de la dépense publique utile, dont 12,5 milliards pris dans le budget des collectivités locales, pour financer le « pacte de responsabilité », ce cadeau de noël au MEDEF, est contre productif.
Le pacte de responsabilité était censé créer un million d'emploi dans les entreprises. Personne n'en a vu la couleur, mais en plus, ce pacte va détruire des emplois. 70 % de l'investissement public est assuré en France par les collectivités locales. Si les communes annulent ou reportent leurs travaux publics, ce sera de l'activité en moins pour les entreprises et les artisans du BTP, et donc des emplois supprimés ou qui ne seront pas créé. Le pacte de responsabilité n’est pas seulement un échec, il est un désaveu politique pour tous les parlementaires socialistes, UDI, ou UMP qui ne votent pas contre l'austérité.
Dans ce contexte, quel crédit accorder aux déclarations des grands élus et des parlementaires du Parti socialiste notamment de Seine-Saint-Denis qui se fendaient il y a quelques jours encore d’une tribune dans le Journal du Dimanche pour défendre une vision du Grand Paris qui va à l’encontre de leurs déclarations d’intentions ! Ne nous leurons pas, la métropole centralisatrice et technocratique qu’ils préparent dans notre dos n’est pas un outil permettant de combattre, mais un outil au service de la mise en œuvre des politiques d'austérité qui entend supprimer un lieu de décision et de proximité démocratique.
Que messieurs HAMMADI et HANNOTIN entendent bien le message des élu-e-s locaux que nous sommes : ce dont nos villes et nos collectivités de la Seine Saint Denis veulent, ce ne sont pas de vagues promesses de péréquation financières bien incertaines, ce que nous voulons c’est que l’Etat compense effectivement, à l’euro près tous les transferts de compétences qu’il a opéré, hier le RSA, aujourd’hui les rythmes scolaires.
Ce dont souffre notre département, c’est du manque de courage politique des parlementaires qui n’ont pas voulu soutenir la proposition des député-e-s du Front de Gauche pour une stricte application de la loi SRU et pour que les Maires réfractaires soient sanctionnés et rendus inéligibles.
Ce dont la Seine-Saint-Denis a besoin c’est de plus de moyens, plus de solidarités et de moins d’austérité.
Nous, élu-e-s locaux nous savons et mesurons les souffrances infligées aux peuples grecs, portugais, espagnols, allemands et français aujourd’hui. C’est pourquoi, nous serons dans le mouvement des peuples qui se lèvent pour faire face à l’austérité et c’est pourquoi nous serons à la marche sur l’Assemblée nationale de ce samedi 13 décembre. »