Recréer du lien social : Un objectif qui est à notre portée si nous mettons fin aux politiques d’austérité
CONSEIL MUNICIPAL DU MERCREDI 16 DECEMBRE 2015
INTERVENTION DE GAYLORD LE CHEQUER
AU NOM DU GROUPE DES ELU-E-S FRONT DE GAUCHE ET APPARENTE-E-S
Ces deux tours d'élections régionales vont devoir être analysés en profondeur. Et je voudrais dire, que pour ma part, je me garderai bien des discours moralisateurs et donneurs de leçons que j’ai pu entendre ici où là depuis dimanche dernier et ce soir encore. Je me garderai bien des promesses lancées en l’air au lendemain d’une douche froide ; d’une douche glaciale, qui paralyse la pensée, l’esprit critique et donc notre capacité à nous projeter et à travailler non dans la réaction, mais en profondeur pour nous sortir, enfin, de l’impasse économique, sociale, politique et démocratique dans laquelle nos dirigeants nous ont conduit.
J’entends, les critiques qui pleuvent sur les partis et les organisations politiques et à ce titre je salue et je respecte, la volonté de celles et ceux qui oeuvrent – parfois depuis des années, à l’émergence d’une nouvelle force politique, citoyenne, populaire.
Mais je constate, comme vous, que celle-ci – bien que présente à Montreuil, en ordre dispersé d’ailleurs, lors des dernières échéances électorales, n’a pas plus mobilisé, n’a pas plus rassemblé, n’a pas plus convaincu que les autres. Des élu-e-s de notre assemblée étaient pourtant engagés et d’autres soutenaient ces listes ; avec un succès particulièrement modeste : 59 voix seulement soit 0,28 %.
Preuve est ainsi faite de la responsabilité commune qui est la nôtre, non pas à nous enfermer dans des postures ou des affrontements stériles, mais de travailler à des solutions concrètes, communes et en symbiose avec les aspirations de nos concitoyens.
Pour notre part, nous considérons, et ce n’est pas nouveau, nous le disons depuis bien longtemps maintenant, qu’il est urgent de sortir de l'austérité et des dogmes du libéralisme. A gauche, et Montreuil en a été la démonstration une fois encore lors de ces élections, nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’il est possible de construire, ensemble, un nouveau projet progressiste résolument tourné vers la lutte contre la pauvreté, contre les inégalités et la logique mortifère de la mise en concurrence des uns contre les autres.
Nous l’avons vu encore plus nettement lors du second tour, de ces élections, la tentation est grande, jusque dans les rangs de la droite, de se fonder sur une propagande de la peur, propagande de l'insécurité en la liant systématiquement à l'immigration et à la religion musulmane, peur du déclassement et du chômage, celle de la mondialisation et d'un supposé déclin national de la France, la peur aussi des évolutions sociétales émancipatrices, pour ne citer que les principales. Bien sûr, les terribles attentats du 13 novembre et la surenchère sécuritaire qui a suivi ont alimenté la peur.
Notre gauche, la gauche, dans sa diversité, se doit de prendre le parfait contre pied de ces politiques et de ces discours qui ne font que renforcer les thèses les plus extrêmes.
Mais, plus fondamentalement, et au-delà de la question des chiffres et des scores des uns et des autres lors de cette séquence électorale, qui pouvait raisonnablement imaginer que des phénomènes politiques de long terme comme la casse des services publics, la confiscation des richesses nationales et mondiales par quelques-uns, par quelques privilégiés, l'explosion des inégalités sociales et culturelles, la précarité croissante de la jeunesse, la ghettoïsation de nombreuses banlieues populaires, la désindustrialisation rapide du pays, la mise en place d'un système institutionnel territorial complexe, opaque et illisible pour les citoyens, l'affirmation décomplexée du racisme, de l'islamophobie, de l'antisémitisme, de l’homophobie, la surexploitation et le gaspillage des ressources naturelles, les dénis de démocratie comme après le rejet du TCE et dans la construction européenne telle qu'elle se fait dans le dos des peuples, le tout sur fond de toute puissance de la finance et des multinationales ; qui pouvait penser que tout cela pourrait se dérouler sans heurt ni soubresaut ? Sans affecter en profondeur le lien social et le vivre ensemble ? Sans réaction du peuple.
Ce qu’il nous faut, bien au contraire c’est recréer du lien social. Un objectif qui est à notre portée si nous mettons fin aux politiques d’austérité et aux réductions des dotations d'Etat aux collectivités territoriales, qui amputent nos capacités à répondre aux besoins de la population.
Certes, à Montreuil, les résultats des régionales sont encourageants malgré une abstention préoccupante.
Ce n’est pas le fruit du hasard si dans notre ville, nos engagements, notre pratique de la politique, de la vie citoyenne, sociale et culturelle ont ainsi permis de contenir la percée du Front National et, n’en déplaise à madame Manon LAPORTE, de contenir la progression de la droite qu’elle incarne avec madame PECRESSE dont pour ma part, je n’oublierai jamais le combat réactionnaire qu’elle a mené contre le mariage pour tous en allant flirter avec les mouvements les plus réactionnaires et homophobes.
A Montreuil, en assumant et en nous battant pour nos valeurs, républicaines, laïques, de justice, écologiques et sociales nous faisons acte de résistance, nous sommes en mesure d’incarner l’une des voies de l’alternative aux politiques actuelles. C’est pourquoi, Monsieur le Maire, à vos côtés, nous entendons prolonger avec force et détermination le travail engagé depuis 1 an et demi maintenant.