L'Agenda 21 pour une ville durable manque d'ambition et d'implication citoyenne
L’AGENDA 21 DE MONTREUIL POUR UNE VILLE DURABLE
MANQUE D’AMBITION ET D’IMPLICATION CITOYENNE
Intervention de Danièle CREACHCADEC
pour le groupe des élus Rassemblement de la Gauche Citoyenne et Parti de Gauche
L’agenda 21 qui est présenté ce soir propose un plan d’actions permettant d’atteindre une série d’objectifs sur lesquels nous devrions être théoriquement d’accord.
Il reste donc à s’accorder sur les moyens et la méthode proposés pour y parvenir.
Tout d’abord, permettez nous de regretter que l’élaboration et l’adoption de ce document (dont l'objectif est de mettre en oeuvre progressivement et de manière pérenne le développement durable à l'échelle d'un territoire) interviennent après l’élaboration et le vote du Plan Local d’Urbanisme dont l’impact et les conséquences ne seront pas neutres. La cohérence aurait voulu que les règles d’urbanisme et les conditions d’élaboration et de concertation, qui précèdent le vote du PLU, intègrent ces orientations plutôt qu’elles ne les précèdent.
Avec cet agenda 21, nous discutons d’un projet, d’une vision de notre ville pour l’avenir mais qui ont déjà été figés avec l’adoption du PLU. Notre débat de ce soir sera donc certainement intéressant, mais restera du domaine de l’incantation… C’est regrettable.
Cet agenda 21 fixe cinq orientations effectivement consensuelles :
1/ Inciter les acteurs du territoire à maîtriser leur empreinte écologique / leur impact sur les ressources naturelles
2/ Contribuer à la qualité du lien social
3/ Soutenir et favoriser le développement économique durable
4/ Promouvoir et développer la nature en ville
5/ Réduire l’empreinte carbone et diminuer la part de consommation des ressources de l’administration
Mais pour y parvenir et pour être efficace, comme le rappelle l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, un Agenda 21 doit être, je cite : « porté par la collectivité et mené en concertation avec tous ses acteurs : élus et personnels, habitants, associations, entreprises, structures déconcentrées de l'Etat, réseaux de l'éducation et de la recherche... ».
C’est pourquoi, nous regrettons la faiblesse du travail de concertation, l’absence de visibilité donnée au débat nécessaire avec l’ensemble des acteurs concernés par la mise en application du programme d’actions proposé. Pour que ce document ne reste pas un outil technocratique et incompréhensible pour bon nombre de nos concitoyens, il faut en faire un outil pédagogique que chacun soit susceptible de s’approprier.
Page 5 et 6 de votre projet, vous revenez sur le travail de « construction concertée et collective » de l’agenda 21 et du plan climat de Montreuil. Vous évoquez une démarche de concertation commune que vous avez voulue « très large et ouverte au maximum de participants ». Vous faites état de trois séries de rencontres ou « tous les habitants, les entreprises et les acteurs locaux ont été invités à proposer différents enjeux du territoire et formuler des propositions en réponse aux problématiques locales ». Mais il manque des indicateurs essentiels : combien d’habitants impliqués, quel travail avec les conseils de quartiers et les forces vives de la ville ? Et ce manque n’est pas anodin.
Vous soulignez le fait qu’afin de prolonger « cette implication du public, ces réunions ont été complétées par une série d’entretiens avec une vingtaine d’associations locales. » 20 associations sur un vivier de plus d’un millier d’associations dans notre ville cela parait bien peu.
Vous comprendrez donc que, derrière les déclarations, parfois très belles : « Les échanges et les réflexions citoyennes autour d’un avenir réussi pour tous sont, en effet, les conditions nécessaires à une transition vers la « ville durable », innovante, solidaire, entreprenante et responsable. Une ville où chaque citoyen peut trouver sa place, au sein d’une métropole en mutation. »… nous soyons plus réservés sur la réalité des actes…
Comme vous le dîtes vous-mêmes : « l’identification des enjeux locaux, la recherche de solutions, l’élaboration d’un projet de développement local et sa mise en oeuvre ne peuvent réussir sans le concours de l’ensemble des acteurs concernés. Parce que l’avenir se prépare ensemble. »
C’est ce « ensemble » réduit, une fois encore, à peau ce chagrin que nous déplorons. D’ailleurs, souvenons-nous en, l’élaboration de l’agenda 21 avait été engagée par les services de la ville dès 2007 et il aura fallu attendre 4 années après votre arrivée aux responsabilités avant d’aboutir à cette présentation. Beaucoup de temps, pour un travail de co-élaboration perfectible, vous en convenez vous-mêmes.
Au delà de ces questions, un agenda 21 se traduit par un programme d'actions visant à améliorer la qualité de vie des habitants notamment au travers d’une politique de l'habitat, sur le renforcement de l'offre de transports en commun, sur la création d'activités répondant à une demande sociale locale. Or, sans refaire tout le débat que nous avons déjà eu sur le PLU, nous continuons à penser que celui-ci [qui aurait dû intervenir après l’agenda 21, comme une déclinaison technique de ces engagements pour l’avenir] n’est pas conforme à notre vision de la ville de demain. Pour nous, densifier la ville avec raison et maîtrise doit passer par une planification minutieuse de l'action publique, pour maîtriser les espaces, les affecter au mieux de leurs caractéristiques aux diverses fonctions urbaines. Cette maîtrise publique, cette planification, nous ne la retrouvons pas dans votre manière de mener les opérations d’urbanisme que connaît notre ville depuis quelques années maintenant.
C’est ainsi que nous continuer de déplorer votre décision de confier à un aménageur privé la concession de la ZAC Boissière-Acacia. C’est en effet le groupe Nexity et Crédit Agricole qui se voit confier l’aménagement d’un pan entier du territoire de notre ville. Une première tout à fait regrettable qui prive notre ville de la pleine maîtrise de ce projet.
Cet agenda 21 est donc imprégné d’ambitions positives, que nous partageons pour une large part, mais qui restent malheureusement à l’état de l’incantation en ce qui concerne les grands enjeux pour notre territoire.
Cet agenda 21, en matière d’habitat et d’aménagement fixe des objectifs théoriques intéressants, mais qui sont contredits par les actes en matière d’urbanisme avec le PLU.
Enfin, cet agenda 21 théorise la question essentielle de l’adhésion et de l’engagement de la population pour sa mise en œuvre mais la mise en pratique reste bien insuffisante, preuve en est la faiblesse de l’implication des habitants, associations et autres forces vives qui irriguent le tissu social de notre ville.
Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons sur ce document.