Nous sommes inquiets pour l'avenir de la Maison Populaire - Tribune de Claire PESSIN-GARRIC et Gaylord LE CHEQUER
La Maison Populaire - telle que nous la connaissons aujourd’hui – fait partie du patrimoine culturel et social de notre ville. Inaugurée le 21 septembre 1966 sous le nom de Maison des Jeunes en présence d’André Grégoire, Maire de Montreuil, mais aussi de Jean Ferrat, cette maison, de type MJC, était une réponse aux ambitions municipales de l’époque en matière de politiques culturelles et de la jeunesse.
En 1974, sous la direction de Francis Gendron est créée une plate-forme devant encourager et soutenir la création d’activités culturelles à l’intérieur et à l’extérieur de l’association à laquelle toute la population était conviée à participer. Parallèlement les adhérents réunis en commission réfléchissaient ensemble sur les missions de l’association pour revendiquer et défendre le caractère populaire de l’éducation. Ainsi naît l’association connue aujourd’hui sous le nom de « Maison populaire » pour la culture et les loisirs.
Depuis 1986, c’est à Annie Agopian que l’on doit le dynamisme et la créativité sans cesse renouvelée de la Maison populaire qu’elle dirige et anime avec son équipe de professionnels.
A plus de 40 ans, et pour la première fois de son histoire, la Maison Populaire se trouve confrontée à une délicate situation budgétaire qui puiserait ses racines dans une série de mesures prises ces trois dernières années.
Evacuons d’emblée toute suspicion malvenue sur d’éventuelles malversations ou déficiences de la part de l’équipe de direction de la Maison Populaire ou de l’association. Les uns et les autres méritent notre confiance et notre reconnaissance pour le travail accompli pendant toutes ces années et qui ont fait de ce lieu un équipement emblématique de la politique culturelle de Montreuil, et dont l’originalité et la pertinence du projet sont reconnus au-delà de la ville.
Ce qui est en question, selon nous, c’est la tentation qui existe de ne percevoir la Maison Populaire que sous le seul prisme économique qui placerait les adhérents au rang de clients ou de consommateurs voulant ignorer l’existence d’un projet associatif porté par l’ensemble des adhérents, alliant projet individuel et projet collectif.
Est-il utile de rappeler que pour nous, il est inconcevable de dissocier l’urgence sociale de l’urgence culturelle ?
Dans ce contexte, l’étranglement budgétaire auquel est confrontée la Maison Populaire aujourd’hui, est la traduction de l’existence de ces logiques parmi les partenaires de la Maison Populaire, qu’il s’agisse de l’Etat, de la région, du département ou de la ville de Montreuil principale contributrice publique au budget de l’association.
Malgré tous les efforts entrepris par la direction de la Maison Populaire et par les équipes qui se sont succédé à la tête de l’association pour maîtriser son budget, les transferts de charges (jusqu’alors payées par la ville) et les baisses de subventions publiques sur projets qui se sont succédées ces 3 dernières années, poussent la Maison Populaire au bord du gouffre. Avec un déficit cumulé proche de 170 000 euros et un fonds associatif dans le rouge, les premières mesures prises par l’association ne suffiront pas, d’autant qu’elles vont directement peser sur le seul porte-monnaie des adhérents, ce qui n’est pas acceptable.
Ainsi, à la traditionnelle augmentation des adhésions liée à l’évolution du coût de la vie, l’association a été contrainte – parce qu’acculée par la puissance publique qui se désengage – à voter des augmentations - parfois conséquentes - des tarifs d’inscription aux ateliers comme pour le secteur musique de la Maison Populaire.
Ces mesures s’ajoutent à celles prises l’an passé sur le dos des professeurs et enseignants de la Maison Populaire qui ont vu les heures de cours passer de 32 à 30h avec les conséquence que cela entraîne sur leur rémunération comme sur la qualité de l’enseignement culturel lui-même.
Lors du dernier Conseil d’administration, l’adjoint à la maire a estimé nécessaire « la remise en cause des pratiques antérieures » actant de fait la casse qui est en train de se faire alors que nous pensons, nous, qu’il appartient aux élus et à la puissance publique, notamment municipale, de mener le combat en faveur d’une refonte du système de subventionnement actuel qui étrangle le monde de la culture.
C’est la raison pour laquelle, à situation exceptionnelle et jamais connue dans l’histoire de la Maison Populaire, nous demandons à la municipalité une réaction exceptionnelle et vitale pour l’association. Une réaction qui aille au-delà du nécessaire travail technique à mener pour identifier les poches d’économies qui peuvent et devront être menées à l’avenir et qui ne se résume pas à demander à la Maison Populaire de renoncer à son projet associatif pour ne répondre qu’à une commande politique de la ville, la réduisant à un simple prestataire de service.
Pour notre part, nous entendons également participer aux luttes nécessaires pour stopper la casse du service public de la culture, l’asphyxie des structures et des associations culturelles avec lesquelles on doit privilégier la notion de partenariat plutôt que celle d’appels d’offres. Voilà un thème intéressant qui pourrait-être abordé à l’occasion d’assises de la culture.
En 40 ans la Maison Populaire a su évoluer et traverser nombre de difficultés, ne gâchons pas ce travail, bien au contraire donnons-lui les moyens de son développement auprès du plus grand nombre de Montreuillois à l’instar de l’excellente initiative prise le week-end dernier par de jeunes étudiantes en communication qui ont organisé le premier Flashmob de Montreuil pour faire connaître la Maison Populaire.